D E M A N D E S .

La haine engendre la haine dans le cœur des hommes
lorsque deux pensées contraires se livrent un combat sans merci
Jusqu'où laisserons-nous l'humanité sombrer dans les méandres des ténèbres?

En 1965, les chercheurs d'une entreprise appelée "Le Centre" décidèrent de créer un homme parfait, doué de capacités hors du commun. Leur but : obtenir une nouvelle race d'êtres humains afin de les exploiter dans une finalité toute financière. Cette nouvelle main d'œuvre pourrait accomplir le travail de plusieurs centaines d'hommes sans ressentir la moindre fatigue, sans être atteints de maladies ou de blessures. Un homme fut mandaté par cette organisation : le professeur Callahan, alors jeune diplômé de biologie et de génétique avancée. Durant cinq ans, il mena le projet Oméga. Durant ses recherches, il commença à mesurer les desseins peu scrupuleux de ses employeurs. Ces "enfants" ne vivraient aucune vie, ils ne seraient que des pantins, des machines, des esclaves. Il ne voulait pas de ça. Son travail représentait toute sa vie et Callahan se refusait à être réduit à cela. Le destin sembla l'entendre car cinq ans après avoir débuté "Oméga", une branche des services secrets américains l'approcha, pour lui proposer de continuer son projet mais à des fins plus militaires tout en restant dans une dimension humaine. Les arguments de cette agence qui se faisait appeler la "Cellule Rouge" le convainquit de changer de camp. Le professeur disparu alors du jour au lendemain de la surface de la Terre, emportant toute trace de ses recherches.

En 1980, soit dix ans de recherches plus tard, le premier spécimen génétiquement modifié vu le jour dans un laboratoire de la Cellule Rouge. Ce bébé éprouvette fut nommée Serena, un hommage du professeur à sa propre mère. Un an plus tard, alors que naissait la seconde portée de Nexus, nom donné à cette nouvelle génération d'être humain, Serena commença à développer des dons. Les résultats furent au delà des espérances. Elle n'avait pas la force de dix hommes mais elle contrôlait les éléments. Il semblerait qu'une erreur de calcul indétectable même pour le plus brillant des chercheurs se glissa dans la formule, générant un gêne mutagène évolutif mais surtout très instable, rendant ainsi impossible, la programmation de capacités bien spécifiques. Malheureusement, les scientifiques épaulant le professeur Callahan découvrirent également que les Nexus possédaient un système immunitaire défaillant, raccourcissant ainsi leur espérance de vie de plus de la moitié. Quatre ans plus tard, il ne restait plus que dix spécimens dont Serena que le professeur avait adopté, éprouvant pour cette enfant une affection toute paternelle. Ce fait poussa les chercheurs à prendre un autre chemin dans leurs recherches. Ils cessèrent toute procréation assistée pour laisser la nature reprendre ses droits. Les fœtus voyaient leur ADN modifié directement dans l'utérus de leur mère, garantissant ainsi un système immunitaire plus fiable. Cette modification de méthode de travail eut comme résultat que les Nexus de la seconde génération développaient leurs pouvoirs à l'adolescence et non dès leur première année d'existence. Quant à ceux de la première génération, ils se voyaient dans l'obligation de prendre tous les jours un traitement pour renforcer leurs défenses immunitaires et ainsi survivre aux entrainements militaires qu'ils recevaient.


En 2001, les États-Unis connurent les plus terribles attentats avec l'attaque du World Trade Center. Aussitôt, le gouvernement américain répliqua en déclarant la guerre au terrorisme. S'en suivit des conflits au Moyen Orient. Leurs ennemis répondirent alors en multipliant les attentats sur le sol américain mais également contre les forces armées déployées au Moyen Orient. Face aux pertes que subirent l'armée américaine, les Nexus issus de la première génération furent envoyés au front, commençant ainsi à inverser la tendance, obligeant l'ennemi à se retrancher dans leurs abris. Si leurs actions au combat restèrent secrètes, en 2005, le Centre commença à entendre parler de ses êtres exceptionnels, ces soldats parfaits menés par une femme des plus froides et dangereuses. Après enquête, l'organisation se rendit compte que leur projet initial se retrouvait entre les mains du gouvernement. Le Centre décida alors de traquer les Nexus pour pouvoir les étudier et ainsi achever leur propre projet Oméga. C'est ainsi que débuta la traque des Nexus dont deux éléments furent kidnappés pour subir un lavage de cerveau.

Nous sommes actuellement en 2008, les U.S.A vivent encore dans la crainte d'autres attentats de l'envergure du 11 Sept. 2001. Aussi, la Cellule Rouge commença à rappeler les Nexus de la seconde génération qui vivaient alors jusque là dans l'anonymat sans la moindre connaissance de l'origine de leurs dons si spéciaux. Afin de découvrir un peu plus sur leur ennemi si insaisissable mais également pour tenter de récupérer les deux Nexus passés à l'ennemi, la Cellule Rouge opta pour se baser à Los Angeles, fief du Centre qui se trouve à 70 km de la ville. Toutefois personne ne connaît exactement le lieu de leur QG ni leur présence en ville.

Elle s’assit sur le sol, les jambes croisées, le regard aussi vibrant de mélancolie que d’habitude. L’herbe était humide de rosée matinale. Le soleil illuminait timidement, à travers les nuages gonflés de pluie, le continent de ses pâles rayons dorés. Naleeniea, se pencha au-dessus du petit chaton qui la regardait avec un air suspicieux depuis un moment déjà. Il est vrai que quiconque ne peut que regarder Naleeniea d’une étrange façon. La jeune femme dirigea son regard d’un vert éclatant sur le chat et le fixa froidement. Celui-ci se contenta de laisser échapper un miaulement aigu et de se frotter en ronronnant sur ses jambes croisées. Elle le prit alors dans ses bras blancs et se mit à le caresser, le visage exempt de toute expression. Les nuages se mirent alors à pleurer, leurs larmes faisant murmurer les feuilles des arbres. Naleeniea se mit alors à chuchoter à l’intention du chat :

- Tu sais pourquoi je suis ici, sous les feuilles laides d’un arbre en train de pourrir, à me faire mouiller sans pouvoir me cacher de la pluie, à dormir sur l’herbe trempée ?

Le chat ne lui répondit pas, bien entendu. Elle le savait très bien, mais elle regardait l’animal comme si elle s’attendait à une réponse de la part celui-ci.

- C’est une longue histoire, tu sais, soupira-t-elle. Laisse-moi te la raconter.
Le chat émit un miaulement, comme s’il acquiesçait à ce que Naleeniea lui disait.

- Mes chers parents étaient ce qu’on pourrait appeler des nobles, bien que rien dans leur attitude ne démontrait une certaine noblesse. Leur fortune était immense. J’aurais pu, au lieu de vivre comme une vagabonde, me la couler douce dans le luxe et la richesse, mais vois-tu, petit chat, le destin en a voulu autrement. Et je n’en veux pas au destin. Non… pas du tout. Comment aurais-je pu vivre avec des êtres si imbus d’eux-mêmes ? Dis-le-moi, petit chat gris. Mes parents s’aimaient, mais moi, ils ne m’aimaient pas. Lorsque j’étais enfant, ils engagèrent des dizaines de tuteurs et de domestiques pour que ceux-ci s’occupent de moi, pour qu’ils n’aient pas à m’élever. Pourquoi ne m’aimaient-ils pas ? Je l’ignore, mais quoiqu’il en soit, j’ai appris très jeune à les détester. J’ai connu la haine autant que le pouvait un enfant. Pour me venger, j’étais insupportable et impossible lorsque les domestiques s’occupaient de moi. Si bien que bon nombre d’eux abandonnèrent et annoncèrent à mes parents qu’ils ne voulaient plus travailler pour eux, ou plutôt, pour moi. Mais un jour, lorsque la treizième des employés qui avaient donné leur démission annonça à mes parents que c’était terminé, mon père en eut assez. Alors que j’étais dans ma chambre, regardant, satisfaite. par la fenêtre la domestique épuisée qui quittait notre domaine pour ne plus jamais revenir, mon père pénétra dans la pièce, rouge de colère. Mon cœur se mit à battre la chamade et des frissons parcourent mon échine. Je sus que j’allais être punie comme jamais je ne l’avais été. Il s’approcha de moi, les dents serrées, et m’agrippa par un bras. Il me secoua et me gifla jusqu’à ce que je m’écroule sur le sol, en larmes, la joue tuméfiée. Je croyais qu’il avait terminé, mais je le vis défaire sa ceinture. Il la fit claquer… puis je ressentis une douleur si vive que j’ai cru que j’allais m’évanouir. Il me fouetta ainsi pendant quelques minutes, qui me parurent une éternité et ne cessa que lorsque je perdis connaissance, le visage contre le sol glacé de ma chambre.

Le chat ronronnait de bonheur, évidemment aussi insensible à la douleur et au désespoir d’un être humain que pouvait l’être un animal. Naleeniea continuait de le caresser, comme si cela l’aidait à ne pas s’écrouler sous le poids des souvenirs.

- Je les détestais, ces êtres humains qui se disaient mes parents, encore plus qu’auparavant. Que pouvais-je faire d’autre, excepté les haïr et souhaiter leur mort ? Je n’eus plus d’autre choix que de me comporter convenablement. Du moins, ne plus agir en enfant impossible. Les domestiques me trouvèrent morne et maussade. Ils ne m’ont jamais vue sourire. Ils commencèrent à s’inquiéter pour moi, mais je les détestais, eux aussi. Cependant, je réussis à trouver un certain réconfort avec les chevaux, dans les écuries derrière notre manoir. Je pouvais passer la journée entière là-bas, à m’occuper des animaux. C’est lentement devenu ma seule raison de vivre… À vrai dire, c’était plutôt la seule chose à laquelle je me raccrochais. Ma vie était devenue un enfer. Je n’accordais plus la parole à personne. Mes géniteurs, car le mot parents me semble inapproprié, ne m’accordaient plus un seul regard. Quoique cela fut une bonne chose à mes yeux. Je ne sortais jamais du domaine et je n’avais aucun ami, excepté les chevaux.

Naleeniea fit une pause, le regard perdu dans le vide. La pluie tombait toujours aussi drue et glacée. Les feuilles de l’arbre sous lequel la jeune femme était assise ne parvenaient pas à stopper toutes les gouttes de pluie, et Naleeniea commençait à être trempée.

- Mais l’événement qui bouleversa ma vie… J’étais dans l’écurie et je caressais une jument que mon « père » venait d’acquérir, lorsque je ressentis une cuisante douleur derrière la tête…puis, le noir total. Lorsque je m’éveillais, il faisait tout aussi noir et mes mains étaient attachées derrière mon dos. J’étais assise sur une chaise, les pieds attachés et l’endroit où j’étais était glacé. Je m’aperçus que je portais un bandeau noir qui bouchait ma vue. Je me mis à hurler : « Où suis-je ? Que m’arrive-t-il ? Pourquoi suis-je attachée ? » Comme toute réponse, je reçus une main en plein visage. Je saignais à l’arrière de la tête, résultat du coup que je reçus dans l’écurie, et mon bras gauche me faisait souffrir terriblement. J’ignore combien de temps je suis restée ainsi attachée. Je n’ai rien mangé tout ce temps, mais on me faisait boire de l’eau à tous les jours. À chaque fois que j’émettais un son ou que j’osais dire quoi que ce soit, j’avais droit à une ruée de coups. Je sentais mes lèvres enflées à la suite de ces sévices, mes joues tuméfiées et mon nez saignait. Je ne les voyais pas, mais je ressentais la douleur des ecchymoses et des meurtrissures sur mes bras, mes jambes et mon ventre. J’étais battue presque à tous les jours. Puis, un matin…À vrai dire, j’ignore si c’était un matin ou non, je ne voyais rien. Un jour, une voix masculine, grave et profonde me déclara : « Tes parents ont payé. Tu es libre. » C’était la première fois que j’entendais la voix de celui qui m’avait enlevée. On me détacha de la chaise, et on défit les liens qui retenaient mes mains et mes pieds. Puis, on traîna, puisque après ne pas avoir marché pendant de nombreux jours, durant un bon moment et on me laissa à quelque part, où je m’écroulai, en larmes. Je détachai mon bandeau quelques instants plus tard, et le soleil m’aveugla de ses rayons ardents. J’étais seule et étourdie. J’avais faim. Mes parents avaient payé… Ce n’étais sûrement pas par souci de moi. Le village avait dû être au courant de mon enlèvement. De quoi auraient-ils eu l’air s’ils n’avaient pas tenté de récupérer leur fille ? Il ne s’agissait que d’une façon de garder intacte leur image. Mais de toute façon, il n’était pas question que je retourne là-bas. Je quittai donc le royaume et réussis à vivre en volant et en trouvant des fruits dans les bois que je parcourus. Je voyageai ainsi, sans savoir pourquoi je le faisais, et parcourus le Royaume de Jade et de Béryl. J’avais souvent l’air d’une mendiante, puisque je dormais à la belle étoile et j’étais parfois victime des moqueries des enfants. Mais je n’ai plus le courage de me défendre, de me battre. À chaque fois que je le faisais, c’était pire. Je n’ose plus me défendre. C’est inutile… Et maintenant, je suis de retour à Émeraude, et j’ignore pourquoi. Mes pas m’ont menée ici…

Naleeniea arrêta de caresser le chat, qui la regarda, irrité. Ses ronronnements cessèrent et lorsque l’animal comprit qu’elle ne recommencerait pas ses cajoleries, il sauta sur le sol et s’en alla en trottinant sous la pluie. Naleeniea, maintenant complètement trempée, se leva et fit volte-face. Elle se mit à marcher, sous les larmes des nuages…

Comme vous l‘avez compris, les enfants Halliwell ne contrôlent plus leurs pouvoirs. Ils n’en parlent à personne et essayent de se débrouiller tout seuls. Ils inventent alors des formules pour que leurs ‘eux futurs’ viennent à leurs secours. Cependant cela ne fonctionne pas…Vraiment ? Et bien si, cela à totalement marché et même très bien. Les enfants Halliwell ont simplement pensé que cela ne fonctionnait pas parce que leurs ‘eux futurs’ ne sont pas apparus chez eux. En fait, ils sont arrivés dans le manoir vide juste en face du leur. La magie a fait en sorte qu’ils apparaissent là…peut-être pour leur montrer qu’ils pouvaient occuper ce manoir, vous ne croyez pas ? En tous les cas, les enfants Halliwell du futur sont bien là. Comment vont-ils rencontrer leurs ‘eux enfants’ ? Seront-ils d’accord pour les aider ? Et leurs parents, que diront-ils ? Et si en ayant fait venir leurs ‘eux futurs’, les enfants avaient également fait venir les démons de ce monde ? Que faire ?