Ailean Branwel.

DANS JEU


« I know, you want the sin without the sinner .. »

IDENTITÉ

Nom : Branwel.
Prénom(s) : Ailean Candice.
Âge : 17 ans, depuis quelques temps.
Lieu & Date de naissance : Vancouvert, 13 novembre 1916.
Année de Décès, de la transformation : 1933.
Nationalité : Canadienne.
Profession : Aucune.


LE PERSONNAGE

Histoire, avant la transformation :

Elle eut un rire amusé en voyant ses joues s'empourprer. Il paraissait presque trop innocent, avec ses yeux bleus clairs et son sourire candide. Naïf. Elle entremmela ses doigts aux siens, l'observant, regrettant presque de devoir faire ça. Collée à lui, elle sentait son coeur battre la chamade, et sa respiration rapide trahissait l'émotion qui le submergeait. Elle joua avec ses lèvres quelques instants, parcourut la ligne parfaite de sa machoire, et termina le nez plongé dans son cou, respirant à plein nez l'odeur qu'il dégageait. Sa bouche glacée se posa doucement sur sa peau, le faisant frissonner. Une seconde qui s'écoule, et ses dents plongèrent dans la chaire du jeune homme. Elle sentit bientôt un liquide chaud se déverser dans sa gorge, et elle sourit intérieurement. Cela marchait à chaque fois. Ils venaient tous à elle sans qu'elle n'ait besoin d'aller les chercher, ils rampaient à ses pieds et la suppliait de leur accorder un regard. Elle faisait bien plus que ça, bien sûr. Pourquoi ne pas profiter d'un don si utile ?

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« Ailean ! Tiens toi tranquille. Nous devons absolument aller à ce dîner, et je te jure que si tu te montres turbulente, tu passeras la nuit dans la cave. Compris ? Et ne soupire pas comme ça. Ne chiffonne pas ta robe, elle vient tout juste d'être lavée. Je me demande bien ce que j'ai fait au bon Dieu pour hériter de toi... »

La fillette fit la grimace dans le dos de sa mère. Elle détestait ces soirées mondaines, auxquelles elle était obligée de participer depuis son plus jeune âge. À maintenant neuf ans, en plus de devoir avoir l'air jolie, elle devait aussi se montrer adorable, calme et serviable. Ce qu'elle n'était pas vraiment. Ses caprices faisaient partie intégrante du quotidien de ses parents, et ses colères faisaient encore trembler la maison plusieurs heures après la crise. Cependant, elle était aussi une bonne actrice, et avait pris l'habitude de jouer pour obtenir ce qu'elle voulait. Son père la considérait comme sa petite princesse, fier de la voir déjà si intelligente, si lucide quant à ce qui se passait autour d'elle, et était avide de la moindre de ses paroles, du moindre de ses rires, du moindre regard lancé à la ronde. L'avis de sa mère était bien différent. Selon elle, sa fille n'était pas assez jolie, pas assez drôle, et ses sourires lui semblaient sonner faux. En résumé, pour un, elle était le monde, et pour l'autre, elle n'était rien.

Ainsi, quelques temps plus tard, elle était perchée sur les genoux de Luke Branwel, écoutant religieusement une conversation qui ne l'intéressait pourtant pas. Son géniteur, ravi, s'arrêtait régulièrement pour lui expliquer une chose ou l'autre. Riant ou prenant un air consterné quand il le fallait, elle savait exactement que faire et comment le faire pour attirer les compliments. Surtout ceux des hommes. Un vrai phénomène. Malgré son très jeune âge, elle semblait entourée d'une aura, d'une puissance magnétique, et les têtes se retournaient immédiatement sur son passage. Peut-être était-ce pour ça qu'Emily ne l'aimait pas. Elle avait été unie à son compagnon par un mariage arrangé, et il ne l'avait jamais réellement regardée. Du moins il ne l'avait jamais couvée des yeux comme il le faisait avec sa fille. Son amertume devait venir de là, sans aucun doute. Et Ailean en jouait, la provoquant, accaparant l'attention des personnes qui l'entouraient, s'amusait de voir une expression agacée se dessiner peu à peu sur son visage aux traits fatigués.

Ses critiques, pourtant, la blessaient. Cependant, si certains auraient à tout prix essayé de changer, la fillette cultivaient ses défauts, et poussait chacun de ses traits de caractère à l'extrême. Elle semblait se complaire dans cette imperfection qui était sienne. Lorsque sa mère lui reprochait de ne pas prendre assez soin d'elle, elle refusait qu'on lui brosse les cheveux pendant des jours. Quand elle lui demandait d'arrêter de faire des caprices, elle se roulait par terre en hurlant, et allait se réfugier dans les bras de son père en pleurant. Elle en faisait trop, en permanence. Elle s'amusait à dépasser les limites de ses semblables, elle se glissait dans les failles des autres et les déstabilisait.

À cette période de sa vie, elle n'avait pas beaucoup d'amis. Non pas qu'elle soit exclue, ou si elle l'était, ce n'était que parce qu'elle le désirait. Après tout, au final, elle ne faisait que ce qu'elle voulait. Elle trouvait ses camarades très immatures, trop puérils pour elle. Ainsi, c'était une enfant solitaire, projetée volontairement dans un monde d'adultes, copiant ses faits et gestes sur ces derniers.

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La faim la tenaillait, l'empêchant de se concentrer. Elle progressait lentement, tentant d'ignorer les visages humains qui se tournaient vers elle, les battements de coeur qui s'accéléraient en la voyant, et les veines saillantes qui glissaient sournoisement sous ses yeux. L'odeur était encore plus difficile à repousser, s'infiltrant doucement dans son nez et lui montant à la tête, lui donnant le tournis. Des idées se formaient dans son crâne, toutes plus meurtrières les unes que les autres. Si elle se dépêchait, elle pourrait tous les tuer, sans qu'ils ne remarquent rien. Aucun d'eux. Une douce délivrance, qui mettrait cependant fin à ce pour quoi elle luttait depuis des semaines. Elle cessa donc de respirer, et accéléra le pas. Tant qu'elle ne prenait pas une grande bouffée d'air, cela irait. Juste quelques mètres à franchir, et ils échapperaient tous à la mort, sans qu'aucun d'entre eux ne prennent conscience de leur chance. Quelques pas...

« Mademoiselle ? Je suis gêné de vous aborder comme cela, je me rends bien compte que mon audace pourrait être considérée comme déplacée, mais... »

La main chaude qui l'avait saisie au bras se désserra doucement, tandis que l'homme esquisait une moue désolée. Elle le regarda quelques secondes, et ouvrit la bouche pour parler. Aussitôt, son odeur l'assaillit de toute part, et elle eut une sorte de convulsion.

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« Ailean, Ailean ! Breandan est vraiment méchant ! Il m'a tiré les cheveux... Et il raconte que les vampires vont venir me chercher ce soir ! Aileaaaan ! »

Plantée devant son miroir, la jeune fille tentait tant bien que mal d'ordonner ses cheveux, qui, comme d'habitude, n'en faisaient qu'à leur tête. Cela faisait quelques mois qu'elle avait commencé à faire attention à son apparence, essayant de se rendre la plus parfaite possible. Elle entendait souvent sa mère soupirer que c'était l'adolescence, qu'à quinze ans, elle n'aurait pas pu y échapper, que c'était tout à fait normal et qu'il n'y avait pas de quoi s'émerveiller... Ce qui n'empêchait pas le regard de son père de s'éclairer à chacune de ses apparitions. Six années avaient passé, et rien n'avait changé, mis à part l'arrivée des jumeaux, Breandan et Cordélia, terriblement agaçants, de son point de vue. Ils étaient tout ce qu'elle méprisait, tout ce qu'elle avait un jour été : insouciants, bruyants, exubérants, sans aucun respect pour la tranquillité des autres.

En ce moment, ils étaient en train de taper sur la porte de la salle de bains, chacun reprochant ses torts à l'autre. Ailean essayait, en vain, de ne pas les écouter. Cette soirée était importante pour elle : elle marquait son entrée officielle dans la société. Officielle parce que tout le monde connaissait et avait vu grandir la petite Branwel, tellement adorable... Mais ce soir, elle défilerait avec quelques autres jeunes filles en tenue éblouissante, dansant et s'exhibant avec un certain ravissement. Elle était pratiquement sûre d'être la favorite. Elle avait toujours été la favorite, et lorsqu'elle ne l'était pas, elle s'était débrouillée pour rabaisser ses concurrentes. Elle ne supportait pas échouer, et elle ne supporterait jamais ça.

La voix de son père la héla, la priant de se dépêcher, et elle se jeta un dernier coup d'oeil. Son reflet lui adressa un sourire assuré. Elle dévala les escaliers, son frère et sa soeur sur ses talons. Le grand moment allait arriver. Tout devait être parfait. Son cavalier, Aundrea di Siniacci, devait venir la chercher dans quelques minutes. Ils se fréquentaient depuis quelques semaines. Le jeune homme était son aîné de deux ans, et plaisait particulièrement à ses parents, ce qui était un atout évident.

On pouvait dire qu'elle avait une belle vie, réussie. Elle était devenue le genre de fille que les autres enviaient, admiraient. Les regards se retournaient de plus en plus sur son passage, elle ressemblait déjà à une femme, et se comportait comme telle depuis déjà bien longtemps. Elle s'intégrait rapidement dans les différents groupes sociaux, bien qu'elle reste toujours quelqu'un de relativement solitaire. La présence de son entourage n'était pas par plaisir, mais par simple utilité. Il était bien connu que s'afficher sans ami était mal vu. Ainsi, elle en avait des tonnes. Parfois, elle ne se rappelait plus de leurs prénoms, mais après tout, ce n'était pas le plus important. Seuls leurs visages comptaient, leur apparence, leur conversation, et leur capacité à s'intéresser à elle... Bien plus qu'elle ne s'intéresserait jamais à eux.

Ses résultats en classe étaient excellents, les professeurs l'adoraient. La seule personne à ne pas se plier à ses manèges, à ses sourires innocents et à ses paroles mielleuses, c'était celle qui l'avait mise au monde. Sa mère se bornait à répéter à tout le monde qu'elle n'était rien. Elle la méprisait, passait son temps à la rabaisser. Elle était trop grosse, avait un visage trop rond, sa voix était trop perchée pour être crédible... Ailean s'en amusait toujours autant, cherchant la moindre étincelle de jalousie dans le regard amer d'Emily. Ou dans celui de n'importe qui. Elle n'existait que pour l'attention des autres.

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Elle éprouvait une certaine joie malsaine, à les voir là, sanglotant, se serrant l'un l'autre dans les bras. Le désespoir était peint sur leurs traits. Ils avaient enfin fini par accepter sa mort, après des mois de recherches. La maison semblait vide, sans elle. Et dans quelques instants, elle le serait encore plus. Il lui suffirait de frapper à la porte. La bonne lui ouvrirait, et étoufferait un cri. Elle hélerait ses parents, et ils arriveraient, choqués de la voir réapparaître si brusquement. Elle sentait déjà la chaleur de leur sang sur sa langue. Ils n'auraient pas le temps de réagir, tout à leur bonheur de la revoir. Et la famille Branwel serait définitivement exterminée. Il n'y aurait plus de soirées mondaines pour eux, plus de journées passées à l'école, plus de disputes entre les parents. Rien. Les Branwel disparaîtraient, comme s'ils n'avaient jamais existé. Et en un sens, ce n'était pas faux.

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Des éclats de voix. Il lui en voulait. Pour la première fois de sa vie, son regard n'exprimait que de la déception et de la colère à son égard. Elle tentait tant bien que mal de l'ignorer, de s'expliquer. Mais rien n'y faisait. Son père la haïssait. Et, non loin de là, sa mère exultait, ne prenant même pas la peine de le cacher. Une petite erreur. Elle n'avait fait qu'une petite erreur. Tout était pourtant parfaitement planifié. Il n'aurait jamais dû l'apprendre. Personne n'aurait jamais dû le savoir, mais, pour une raison inconnue, la nouvelle avait déjà gagné toutes les connaissances de la famille, et la réputation qu'elle avait passé tant de temps à construire s'était effondrée, tel un château de cartes un peu trop fragile.

« Comment as-tu pu faire ça, Ailean ? Nous faire honte de la sorte... Te rends-tu compte des conséquences que cela va entraîner ? Comment as-tu pu... À moi ! Je t'ai bien élevée, pourtant. J'ai pris soin de toi. J'ai été un bien meilleur père que le mien ne l'a été pour moi. Est-ce donc comme ça que tu me remercies ? »

Il agissait comme un petit ami blessé, c'était certainement la chose la plus sordide de l'affaire. Il se sentait trahi, et son regard démontrait à présent plus de souffrance que de réel énervement. Pour un peu, il se mettrait à pleurer. Le jeune femme, elle, était parfaitement calme, se tenant droite, ne prenant même plus la peine de répondre. Seul son teint livide trahissait son état. Elle déglutit doucement, puis ses yeux s'écarquillèrent brusquement en entendant la sentence finale de son père.

« Si tu étais assez bien pour passer la nuit avec ce garçon, je t'invite à y retourner. Mais ne reviens plus. Jamais, tu entends ? Je ne veux plus jamais te voir. »

Cherchant un appui quelconque, Ailean se tourna à tout hasard vers sa mère, qui baissa simplement les yeux, abordant à présent un air quelque peu honteux. Alors qu'elle réalisait ce que ses paroles engendraient, son poing se referma, ses ongles s'enfonçant dans la paume de sa main. Elle fit un pas en arrière, puis un deuxième. Elle savait que Luke attendait qu'elle se mette à pleurer, qu'elle le supplie à genoux de la garder, qu'elle promette qu'elle ne partirait plus. Au lieu de ça, elle lui jeta un dernier regard rempli de défi, et en quelques secondes, la porte d'entrée claqua derrière elle.

Elle marcha longtemps, laissant les larmes couler sur ses joues. Les quelques passants qui se baladaient encore dans les rues se retournaient pour l'observer, intrigués. Aucun ne fit un pas pour venir lui demander ce qui n'allait pas. C'était une bonne chose, elle n'aurait pas su comment réagir. Au bout d'une demi-heure, elle arriva enfin à l'appartement de celui avec qui tout cela avait commencé. Cela faisait deux ans qu'elle le fréquentait, et en deux ans, ce n'était que la seconde fois qu'elle se trouvait ici. Mal à l'aise, elle frappa plusieurs fois, tout en réajustant nerveusement ses cheveux. La porte s'ouvrit finalement, et le visage incrédule d'Aundrea apparut à l'entrebaillement. Avisant ses larmes, il pivota pour la laisser entrer, sans un mot. Faisant quelques pas à l'intérieur, elle entendit une serrure qu'on fermait, sentit la présence du jeune homme derrière elle. Elle se mordit la lèvre, puis se tourna vers lui avec un sourire légèrement crispé.

« Il m'a jetée dehors. Je n'ai plus besoin d'y retourner, maintenant. Personne ne m'attend plus nulle part. On a l'éternité devant nous. »

Ailean tentait tant bien que mal d'avoir l'air enthousiaste, mais sa voix tremblait. En face d'elle, son interlocuteur semblait par contre au comble de la joie.

Histoire, après la transformation : (10 lignes minimum)